Luise Hawking
Les idées présentées ici sont d’abord nées d’observations cliniques lors de la pratique d’une thérapie manuelle appelée Repositionnement musculaire (RM) (Bertolucci, 2008, Bertolucci et Kozasa, 2010a, Bertolucci, 2010b).
La pandiculation est l’étirement involontaire des tissus mous, qui se produit dans la plupart des espèces animales et est associé à des transitions entre les comportements biologiques cycliques, en particulier le rythme veille-sommeil (Walusinski, 2006). Le bâillement est considéré comme un cas particulier de pandiculation qui affecte la musculature de la bouche, le système respiratoire et la colonne vertébrale supérieure (Baenninger, 1997). Lorsque, comme cela arrive souvent, le bâillement se produit simultanément avec une pandiculation dans d’autres régions du corps (Bertolini et Gessa, 1981, Lehmann, 1979, Urba-Holmgren et al., 1977), le comportement combiné est appelé syndrome du bâillement extensible (SYS).
Le SYS a été associé à la fonction d’éveil, car il semble remettre le système nerveux central à l’état de veille après une période de sommeil et préparer l’animal à répondre aux stimuli environnementaux (Walusinski, 2006).
Cet article explore l’hypothèse selon laquelle le SYS pourrait également avoir un rôle d’autorégulation concernant le système locomoteur : maintenir la capacité de l’animal à exprimer des mouvements coordonnés et intégrés en rétablissant et en réinitialisant régulièrement l’équilibre structurel et fonctionnel du système myofascial. Il est désormais reconnu que le système myofascial est intégrateur, reliant les parties du corps, car la force d’un muscle est transmise via les structures fasciales bien au-delà des attaches tendineuses du muscle lui-même (Huijing et Jaspers, 2005).
On soutient ici que la pandiculation pourrait préserver le rôle intégrateur du système myofascial :
(a) développant et en maintenant des interconnexions fasciales physiologiques appropriées
(b) en modulant l’état de précontrainte du système myofascial en activant régulièrement la musculature tonique.
Le bâillement et les neurones miroirs
Le bâillement est-il contagieux ?
Oui, chez l’homme. Il stimule des neurones dits miroirs qui s’activent à la fois quand on ressent une émotion et quand on voit autrui l’éprouver.
C’est ce qu’explique à BFMTV.com le médecin généraliste Olivier Walusinski. Ce spécialiste et passionné du bâillement – qui y a même consacré un site – préfère évoquer le terme de réplication d’un comportement plutôt que de contagion. “La contagion suppose la transmission, comme c’est le cas avec un virus ou un microbe.
Ce n’est pas le cas du bâillement. Il s’agit là de mimétisme et de reproduire un mouvement, Charcot (un neurologue français fondateur de la médecine clinique, ndlr) parlait d’échokinésie.”
Le bâillement est commun à tous les vertébrés, des reptiles aux primates, souvent associé au rythme veille/sommeil ou à la satiété. Chez les mammifères, il peut également être lié à la sexualité – chez les macaques le mâle dominant bâille bruyamment avant de s’accoupler – ou à l’anxiété. “Pour un sportif avant une compétition ou pour un artiste avant d’entrer en scène, il n’est pas rare de bâiller, ajoute Olivier Walusinski. C’est une réaction du corps au stress qui au contraire apporte bien-être et détente.”
plus on est emphatique, plus on bâille

Cela fait bien longtemps que la contagion du bâillement est observée. Aristote se posait déjà la question au IIIe siècle avant J.-C. dans ses Problèmes. Au XVIe siècle, dans Pantagruel, Rabelais raconte qu’un personnage bâilla si “profondément” qu’il “par naturelle sympathie, excita tous ses compagnons à pareillement bâiller”.
Une étude américaine publiée en 2003 a montré que les personnes les moins sensibles à la réplication du bâillement étaient aussi celles qui avaient le plus de mal à se mettre à la place des autres. Des chercheurs italiens ont également conclu en 2011 que bâillement était d’autant plus contagieux que le bâilleur original était un membre de sa famille.
un système moteur émotionnel indépendant
Divers mouvements associés ont été décrits chez des patients présentant des lésions du tractus pyramidal. Nous rapportons trois patients chez lesquels un étirement involontaire d’un bras autrement plégique pourrait être observé pendant le bâillement. Ces patients avaient des lésions radiologiquement vérifiées à différents niveaux du tractus pyramidal. Comme le bâillement et les étirements sont un modèle de comportement automatique chez les animaux,
Il est probable que les étirements pendant le bâillement chez l’homme soient également un modèle moteur automatique, généralement inhibé en présence d’un tractus corticospinal intact.
La fonction physiologique du bâillement n’est pas claire à l’heure actuelle. Le bâillement pourrait être la manifestation somatomotrice d’un état émotionnel particulier caractérisé par l’ennui et la fatigue.